La Médée qui se présente devant le public est condamnée à jouer éternellement son propre rôle, telle Sisyphe, elle doit expier son forfait en le racontant éternellement au public qui est venu l’écouter et qui peut, grâce à des caméras de vidéo surveillance, l’épier dans chaque recoin du théâtre.
Sa parole ne s’arrête jamais et l’humanité est témoin du chemin qui l’a menée à commettre l’irréparable.
Cette Médée est universelle, elle est la synthèse de toutes les Médée qui ont pris vie sous la plume de tous ces auteurs qui ont nourri l’adaptation du texte scénique (Euripide, Sénèque, Apollonios, Ovide, Müller, Gaudé, Corneille), qui ont pris forme sous le regard des plus grands cinéastes (Pasolini), elle est chargée de toutes les interprétations existantes sur son histoire.
Elle nous restitue à sa façon, à mi chemin entre mythologie et modernité, son cri. Elle utilise les outils qui l’entourent et nous convoquent à la (re)mise en scène de son acte.
En assistant à sa prise de parole elle nous laisse juge de sa culpabilité.