Mon mal vient de plus loin raconte l’impossible accouchement théâtral d’un spectacle qui dénonce le patriarcat à travers le geste d’un artiste qui se débat en répétition avec son propre héritage viril et sa construction masculine :

Apodomiméno ( déconstruit ) est auteur/metteur en scène et a l’ambition de faire un spectacle sur les forums en séduction et sur les influenceurs masculinistes sur internet. Pour dénoncer ce que l’on appelle la “ manosphère”, il commence ses investigations et se lance dans l’écriture au plateau de son spectacle. Pour mener a bien son projet, il fait appel au comédien Dyspistos ( sceptique ) et à la dramaturge Shehrazad ( celle qui raconte des histoires ).

Mais ce spectacle n’aboutira pas car la violence des masculinistes est trop évidente, et Apodomiméno sent bien qu’il verse dans la caricature ; le projet initial échoue également car il laisse insidieusement place à un autre spectacle qui prend vie malgré lui, un spectacle qui met au jour les contradictions d’Apodomiméno qui se rêvait “ conscientisé “ et qui n’est en fait que théoriquement “déconstruit”.

Dans le travail au plateau Dyspistos, d’une part et Shehrazad ; d’autre part, le ramène à ses apories, à ses ambivalences et réorientent le projet vers un projet plus documentaire et à “hauteur d’hommes”. Le “ vrai ” spectacle sera donc finalement des prises de parole d’hommes d’aujourd’hui depuis la salle. Ses paroles émanent d’hommes de générations et de milieux sociaux divers, vivant dans le département de la Seine-Saint-Denis, fruit d’enregistrements menés par l’équipe du spectacle.

A travers le personnage d’Andres ( les hommes ), ce que le public va donc entendre c’est des paroles entremêlées qui dressent le portrait complexe de la masculinité actuelle sur ce territoire. Ses paroles dessinent en creux ce que ces hommes interrogés pensent et vivent en matière de sexualité, de rapport au couple et à la violence.