Un écrivain, seul dans son appartement, ne trouve pas l’inspiration. Il peine à écrire l’histoire d’un thaumaturge (enchanteur) qui n’accomplit aucun miracle. Il a beau lutter et chercher, il ne peut qu’écrire : « le thaumaturge était de grande taille » et puis plus rien ne sort. Sur ce, une vieille dame croisée précédemment dans la cour de l’immeuble, frappe à sa porte, entre et vient mourir dans le fauteuil de son salon.
La Vieille , ce serait, comme le dit Daniil Harms : « la tentation de changer la structure physique du monde », ce serait tuer la Mort que symbolise la vieille dame dont cherche à se débarrasser le narrateur. Le miracle, qui est celui de l’écriture et de la fuite dans l’imaginaire, n’aura pas lieu : le seul changement de « structure physique » qui se produise est la décomposition du cadavre de la vieille.
Dans cet environnement violent, le narrateur est dépassé et son acharnement est le seul moteur qui le pousse à échanger avec un monde qu’il ne comprend pas. Cet individu est broyé par la réalité mortifère qui l’entoure, et il ne reste du Dieu auquel il s’adresse qu’une grosse chenille verte qui se tortille à terre. Il tente tout pour repousser l’anéantissement, le rien, l’inexistant. La lutte de ce personnage s’apparente à la lutte de son créateur. Tous deux sont en sursis. Le narrateur en manque de liberté, l’auteur en manque d’inspiration.
On entre dans le processus de création où l’auteur intervient dans l’histoire pour gommer les traits les moins nets ou pour propulser ses personnages dans les abîmes les plus profonds. Nous sommes les lecteurs de cette nouvelle qui s’écrit sous nos yeux. Ce qui rend théâtral cette nouvelle c’est que nous passons du statut de lecteur, au statut de spectateur car nous assistons aux tentatives, aux essais de l’auteur qui pour construire son histoire utilise son environnement, plus au moins proche. Son écriture se nourrit de sa réalité et de son histoire.