Blessures au Visage

de H. Barker

 

Mise en scène :  
Pierre-Marie Baudoin
Jeu :  
Julien Correa
Maud Imbert
Hélène Pierre
Franck Taponard
Brahim Tekfa
Charles Tétard
Vidéo :  
Olivier Clémente
Vivien Guillet
Musique originale :  
Yannick Chapuis
Lumière :  
Jean-Philippe Lambert

Dès les premières répliques de Blessures au visage, le spectateur est propulsé dans cette esthétique abrupte du théâtre de la catastrophe d’Howard Barker. Au cœur de la crise de la représentation, il s’en prend au visage et au regard. Le soldat, le peintre, entre autres personnages de cette pièce sont privés de leurs yeux et plus radicalement de leur visage.

Balafrés, énucléés, dé-visagés, dé-figurés, les personnages sont animés par un même défi : comment (ne pas) perdre la face et comment dire l’humanité, par delà la défiguration. Il a fallu dans mon travail de mise en scène donner un écho à cette parole.

Détruit, le visage n’en est que plus présent encore ; parce qu’il est empêché, mutilé, minimaliste, l’espace gestuel se trouve renforcé. Le corps prolifère et envahit le verbal. La torture pratiquée sur cet exceptionnel diffuseur de sens qu’est le visage, revient à priver l’acteur des ses outils signifiants : la vue, la mimique faciale. Les cris, les rires et les silences rythment les interventions des personnages : surgissant à l’improviste ils constituent des périodes durant lesquelles la langue quitte le verbal pour s’installer dans le corps.

Le Chirurgien. :
[…] Votre mâchoire est partie, une moitié de votre visage, l’œil compris. Le nez, entièrement, et la bouche, le palais, une caverne, maintenant. […] vous serez pour toujours hideux, assis, seul, dans les chambres… […] Oui, tuez vous, si vous le désirez. Moi je le ferais.

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